Freakness is on the loose [feat Oksana]

Deux tranches de pain, des œufs, du fromage et du bacon. Il n’en fallait pas plus pour faire frissonner de bonheur la pétillante, drôle et irrésistible Harley Quinn. Ce casse-croûte gourmand, complet et riche en protéines était son met favori. D'ores et déjà en train de saliver devant les restaurants de la rue commerçante, l’ancienne psychiatre évadée de l’asile d’Arkham était à la recherche du stand de fast-food. La fabuleuse super-vilaine qui n'avait pas froid aux "œufs" souhaitait plus que tout son seul véritable amour durable : ce foutu sandwich pour le petit-déjeuner.

S'arrêtant devant le food-truck, elle salua le cuisiner d'un air désinvolte. « Salut Ethan ! Comme d'habitude s'il te plait. » Sautillant sur place d'impatience, le jeune homme lui indiqua qu'il était encore bien trop tôt pour servir les clients. « Je veux mon sandwich ! » Piquant une crise telle une enfant de quatre ans, quelques passants se retournèrent en sursautant. Ne voulant pas attirer l'attention, le brun afficha un léger sourire forcé et s’attela à la tâche. Il savait pertinemment qu'il ne fallait pas froisser la demoiselle. Après quelques minutes d'attente, il lui tendit enfin ce repas délicieux, délicatement enrobé dans un papier jaune qui le gardait précieusement au chaud. Il y avait une bonne odeur de bacon grillé et de la fumée s'en dégageait, signe qu'il venait tout juste d'être réalisé. Les yeux brillants, l'arlequin ne patienta pas une seconde de plus et croqua vigoureusement dans le pain moelleux. C'était à tomber par terre. Une sauce piquante relevait le goûts des autres aliments. Et ce cheddar... « Eh regardez où vous allez ! » Une inconnue vint soudainement la percuter avec un coup de coude, la sortant de ce moment privilégié avec sa nourriture.

Cette femme était mince et élancée, blonde, ayant un visage fin, des lèvres pleines et des pommettes hautes. Elle ne prit même pas le temps de s'excuser. Élégante et bien vêtue, on pouvait s'apercevoir à des kilomètres qu'elle appréciait les vêtements de luxe. Plantée là, on aurait dit qu'elle attendait quelque chose. « Vous êtes ? » La bouche pleine, Harley continua de mastiquer son énorme bouchée. Il ne valait mieux pas l'interrompre avant qu'elle ait terminé son petit-déjeuner.

Quel culot ! Si Harley n'était pas aussi de bonne humeur à cause de son sandwich, la jeune femme qui venait de la percuter aurait passé un sale quart d'heure. Refusant de lui dévoiler son identité, elle scruta à la place son petit-déjeuner. Sérieusement ? Cette pouffiasse n'allait certainement pas lui piquer sa nourriture ! Ce casse-croûte était sacré. L'arlequin recula instinctivement d'un pas, avant d'esquisser un large sourire. « Alors comme ça tu veux le même hein ? Tu ne vas pas le regretter. » Se tournant à son tour vers le cuisinier, elle le fusilla du regard pour l'inciter à en préparer un deuxième. Toutefois, les jeunes femmes n'eurent pas besoin d'insister beaucoup. D'ailleurs, l'inconnue s'en sortait très bien toute seule pour obtenir ce qu'elle souhaitait. Elle paraissait intimidante et extrêmement capricieuse.

Une fois que l'ancienne psychiatre de Gotham eut entièrement dévoré son pain savoureux rempli d’œufs, de bacon et de fromage, elle fit une petite courbette tout en se présentant à la blonde au caractère enfantin. « Je m'appelle Harley, et toi ? » C'était bien la première fois qu'une étrangère ne lui faisait pas de réflexion sur sa tenue. D'où venait-elle ? Son interlocutrice avait un léger accent russe, ce qui amusait grandement l'ex du clown du crime. Cette femme tout aussi étrange qu'elle l'intriguait.

Le professionnel du sandwich donna enfin le repas chaud à la gourmande qui ne tarda pas à s’empiffrer, ayant un appétit d'ogre. « Tu as un peu de sauce là... » Lui indiquant le coin de sa bouche, la blondinette coiffée de deux couettes se mit à rire. « Et si on allait chercher une glace ? » Ne lui laissant pas le temps de répondre, Harley lui prit le bras et l'entraîna dans la rue adjacente. On aurait dit deux copines qui se baladaient pour faire du shopping. Après tout, elle n'avait rien de prévu aujourd'hui et elle avait enfin trouvé une personne qui appréciait la bonne bouffe matinale. C'était toujours un point commun.

Villanelle. Quel drôle de nom ! Mais soit. Étonnant qu'elle n'avait jamais croisé cette jeune femme auparavant. Elle semblait tout autant cinglée et imprévisible que l'arlequin. Pressée de déguster une bonne glace, Harley s'arrêta devant un marchand qui proposait une large gamme de saveurs. Chocolat, pistache, fraise, melon... Il y en avait pour tous les goûts. Hésitant longuement, la blondinette finit enfin par choisir son parfum. « Une glace deux boules s'il vous plait. » Attendant en affichant un large sourire telle une enfant, elle laissa la place à sa nouvelle connaissance pour commander à son tour. Dès que le glacier lui tendit son dessert, l'ancienne alliée du Joker se rua pour l'attraper, léchouillant la crème froide au cassis.

Repartant bras-dessus bras-dessous, Villanelle lui demanda alors depuis combien de temps elle résidait dans cette ville. « Depuis un bon bout de temps. Je traînais principalement à Gotham. » Ce quartier de Goldtown, elle y avait passé des années, où elle travaillait jadis à l'asile en tant que psychiatre. C'était là où elle avait rencontré son poussin, et où elle était devenue une criminelle complètement déjantée. Depuis leur rupture, Harley préférait perdre son temps dans d'autres lieux, rencontrant ainsi de nouvelles personnes. Elle était libre comme l'air.

Étrange ? Qu'est-ce qu'elle trouvait d'étrange ? Tout était normal ici, du moins, presque. « C'est plutôt toi qui es étrange. » Pouffant de rire, quelques passants se retournèrent vers le duo féminin. « Tu viens d'où exactement ? » Curieuse, l'humaine haute en couleur suspectait sa camarade du jour de cacher une quantité impressionnante de secrets. Mais après tout, peut-être qu'elle se trompait. Dans tous les cas, Villanelle avait quelque chose de différent.

Oksana était la personne la plus étrange qu'elle avait rencontré depuis le Joker. D'ailleurs, la blondinette au comportement bizarre l'affirma elle-même. Pourtant, contrairement à Harley, l'humaine n'était pas tombée dans un bain d'acide. Dans quoi alors ? Dans un jacuzzi de loufoquerie ? Super, une folle en plus allait rejoindre sa bande ! Les membres étaient déjantées et prêtes à tout. Les Birds of Prey fuyaient la routine comme la peste, mais parfois leur passé les rattrapait. Alors qui sait, peut-être qu'elle songerait de proposer à sa nouvelle amie de les rejoindre lorsqu'elles se connaîtront davantage.

Des rires se firent entendre autour des deux jeunes femmes qui se baladaient tranquillement. Les ignorant totalement par habitude, la jeune femme à l'allure d'arlequin écouta la réponse de sa compère. Visiblement cette dernière appréciait voyager et ne tenait pas en place. « C'est quoi ton travail au juste ? » Curieuse, la folle-dingue continua ses interrogations. Allez, jouons aux devinettes. Était-elle styliste ou gérante d'un magasin de mode au vu de son accoutrement de luxe ? Ou peut-être dans les affaires avec ses nombreux déplacements ?

L'ancienne psychiatre fut rapidement tirée de ses pensées lorsqu'un adolescent s'écrasa comme une crêpe sur le sol, juste à côté d'elles. S'arrêtant net pour le regarder, elle ria à son tour. Les deux jeunes qui semblaient les suivre en pouffant depuis tout à l'heure étaient désormais beaucoup moins joyeux et enthousiastes. « Et bien que fais-tu donc par terre ? » Faisant une grimace, elle observa les légères ecchymoses du jeune homme, ainsi que son jean déchiré.

Haussant les épaules, elle l'enjamba comme si ne rien n'était. Oksana quant à elle, continuait de glousser en lui faisait bien comprendre qu'elle y était pour quelque chose. « Quelle espièglerie ! J'admire ton sadisme. » Harley n'était pas du genre à vouloir se venger à tout prix. Toutefois, elle devait avouer que ce petit divertissement avait été amusant. Joueuse, elle chercha une gaminerie à faire à son tour. Repérant une femme qui la fixait depuis quelques minutes, elle s'avança dans sa direction avant de bousculer involontairement une autre personne sur son chemin, la faisant basculer dans les poubelles. Un des couvercles roula jusqu'à la ruelle adjacente, faisant également perdre l'équilibre à cycliste qui se rétama tête la première dans le stand d'un marchand de poissons. « Oopsy... » Contrairement à Oksana, elle ne l'avait pas fait exprès. Foutue maladresse, on ne pouvait pas la blâmer.

Les deux jeunes femmes avaient plus de points communs qu'elles ne pouvaient le croire. Assassines dotées de violence et de folie, criminelles, déjantées et impulsives, rien ne pourrait les arrêter. Y'avait-il une once de rationalité dans leurs actes ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Cependant, Harleen n'était pas cruelle ni méchante en soi, contrairement à sa nouvelle compère qui était tout simplement sadique et enfantine. Ce qui les reliait était leur besoin d'amusement et le fait d'obtenir tout ce qu'elles souhaitaient. Qu'importait les conséquences, leurs envies devaient être assouvies.

Suite au désastre qu'avait provoqué l'arlequin, celle-ci ignora les passants et se concentra à nouveau sur la discussion. « Je peux faire de tes envies une réalité. Profite-en je suis crainte dans le quartier. » Tous les débuts de journée, la blondinette allait chercher son fameux sandwich, alors il fallait dire que les habitants du coin la connaissaient bien. Et ils savaient pertinemment qu'il ne fallait pas la contredire ou l'agacer de bon matin.

C'était une bonne tactique pour qu'on lui foute la paix dans les rues, même si certains la regardaient toujours avec mépris. Mais qu'on l'aime ou qu'on la déteste, la fabuleuse Harley Quinn ne changeait pas pour autant. Personnalité hors du commun, c'était avec force et succès qu'elle s'était fait un nom à Goldtown parmi les plus grands criminels et justiciers. Ne pouvant passer inaperçue, on faisait tout de même appel à elle lorsqu'il s'agissait de botter les fesses à de la vermine traînant dans son quartier favori, Gotham.

Quoiqu'il en soit, elle allait bien profiter de cette journée prometteuse et ensoleillée pour connaître davantage Villanelle. « Quelles sont tes passions ? » Mise à part un goût fortement prononcé pour la mode, elle ne pouvait deviner ce qu'appréciait faire l'humaine. Mais quelque soit sa réponse, elle la suivrait pour entamer l'après-midi.

Sa nouvelle amie l'encouragea à transmettre la peur et la crainte à travers la ville. Se fichant guère de ce qu'on pouvait penser d'elle, la jeune femme préférait faire les choses à sa manière selon ses envies et ses désirs. Recherchée par de nombreux criminels et ennemis de son ex petit-ami, elle fuyait quelques fois les zones malfamées lors des heures tardives afin d'éviter d'être de nouveau kidnappée par un cinglé. Mais maintenant qu'elle avait sa bande regorgeant de femmes semi-héroïnes dégénérées, le groupe allait souvent botter des fesses si on osait les enquiquiner. Harley n'était pas méchante et cruelle dans l'âme, cependant on l'avait tout de même associée à la catégorie des criminels les plus dangereux, fougueux et incontrôlables de la région. Et alors ?

Riant à la remarque de Villanelle, la blondinette aux couettes colorées hocha la tête d'un air entendu, en accord avec ce qu'elle venait de lui dire. Cependant, son interlocutrice restait toujours extrêmement évasive dans ses réponses. « Tu ne m'as toujours pas dit ce que tu faisais réellement. Tu bosses à la CIA pour être aussi mystérieuse ? » Souhaitant qu'elle lui enlève un doute, Harley était peut-être folle mais loin d'être stupide. Impatiente, elle devait découvrir ce que lui cachait la citadine. Et si c'était un genre d'espionne, ce n'était pas du tout le moment de se faire choper. Surtout que pour une fois, l'arlequin n'avait pas semer la zizanie à Goldtown depuis un petit moment.

Dans ses pensées, l'humaine ne regardait pas où elle allait et percuta de face un gros balourd tatoué de la tête aux pieds. Oopsy... Étant donné l'expression qu'il venait de lui lancer, il l'avait immédiatement reconnue. Bon d'accord, peut-être qu'elle avait déjà dû lui piquer quelques semaines auparavant un objet convoité. Lançant un regard à Villanelle, elle ne tarda pas à chercher un moyen de se carapater de là. « Cours ! » Balançant brusquement une cagette d'oranges qui se trouvait juste à côté en pleine tronche du baraqué, elle se mit à détaler dans les ruelles parsemées de restaurants et de passants.

Un seul mot réunissait les deux jeunes femmes : folie. Aussi impulsive et déjantée l'un que l'autre, rien ne pouvait les arrêter lorsqu'elles avaient un objectif en tête, un but à suivre, un désir à assouvir. Même si Harley était nettement moins dangereuse et flippante qu'Oksana, elle n'était pas moins hilare et sadique. Les Douze ? « Non, qui sont-ils ? » De quoi parlait-elle ? Était-ce une société secrète ? Un groupe de délinquants ? Des criminels éparpillés dans la région ? Visiblement, la troisième option semblait s'y rapprocher le plus puisque la fashionista avoua qu'elle travaillait avec eux et acceptait d'éliminer des cibles pour eux. L'arlequin savait enfin qui elle était, une tueuse à gage. Sous ses airs angéliques se cachaient en réalité une femme manipulatrice et menaçante. De quoi effrayer le moindre individu lambda, à l'exception de la blondinette qui ne l'était guère. « Super, une nouvelle collègue dans la pègre ! » Lui tendant la main d'un air enjoué, elle lui fit comprendre que cela ne la dérangeait absolument pas.

L'ancienne psychiatre n'était pas une meurtrière mais n'était pas moins innocente pour autant. Elle était tout aussi coupable de ses délits, notamment pour avoir été complice avec l'un des criminels les plus populaires se situant dans le quartier de Gotham. Toutefois, ayant bifurqué de chemin en s'éloignant du clown pittoresque, Harley s'était créé sa propre équipe. Seulement, sans son poussin pour la protéger, elle s'était fait de nombreux ennemis. D'où l'importance de garder un lien positif avec celle qui se faisait appeler Villanelle. Qui sait, peut-être qu'un jour elle aurait grandement besoin de son aide ou inversement. C'était une alliée de taille.

Cela se confirma lorsqu'elle s'arrêta pour se retourner afin de jeter un œil vers son poursuivant. La scène la fit éclater de rire en observant sa nouvelle amie perchée sur le dos de l'homme baraqué. Les passants leur adressèrent un regard à la fois mauvais et apeuré. Mais le rire des deux jeunes femmes s'arrêta bien vite dès lors que la sirène des forces de l'ordre se fit entendre. Le lâche prit les jambes à son cou tandis que les deux aliénées se faufilèrent dans une ruelle adjacente. « À la revoyure ! » D'un ricanement fort et joyeux, l'arlequin s'éclipsa en une fraction de seconde en sautillant telle une enfant allègre, prête à retourner jouer. Elles allaient se recroiser.